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lundi 22 juin 2009

Oventik, communauté zapatiste.

A l´entrée d´Oventik, la première chose qui nous frappe est l´accoutrment des habitants: cagoule pour les hommes, foulard pour les femmes, il est impossible de découvrir leur visage. Malgré leur apparente hostilité, les habitants n´ont pas l´air mécontents de recevoir de la visite. Au contraire, ils comptent sur le soutien de la communauté internationale.En pénétrant dans la zone zapatiste, on nous controle les passeports et on nous questionne sur les raisons de notre venue. Ensuite, on nous fournit de brèves expliacations puis on nous invite à nous rendre dans la cabane de la "junta del buen gobierno", nommé ainsi par opposition au gouvernement national qualifié de "mal gobierno".De là on peut se rendre à la "oficina de explicación" pour rencontrer 3 personnes. Elles sont masquées de nouveau et sont censées clarifier des points touchant aux objectifs de la lutte zapatiste. Je dois avouer avoir été un peu déçu par les maigres explications que j´obtins. Lorsque je les questionnai sur l´objet de leurs revendications, ces derniers me répondirent qu´ils luttaient pour la reconnaissance de leurs droits, autrement dit pour la démocratie, la liberté et la justice. Personnellement je n´ai rien contre ce beau discours, mais lorsque j´essaie d´aller plus en profondeur, j´obtiens les mêmes réponses sans contenu. Deux hypothèses sont possibles, soit ils ne veulent pas aller plus dans le détail par manque de confiance, soit ils ne savent pas vraiment eux-mêmes comment exprimer quel est l´objet de leur lutte. Finalement est-ce bien cela l´important?
Je pense que depuis 1994, un pas a été franchi. Depuis le 8 août 2003, un second pas, celui de l´autonomie des communautés zapatistes. Mais surtout le grand changement est celui de l´idéologie et des mentalités. Avant, l´injustice était perçue comme légitime ou du moins les gens se résignaient à ne pas avoir de terres et à devoir travailler pour des propriétaires terriens (ladinos ou terratenientes). A présent, les gens ont pris conscience du fait que certains de leurs droits les plus basiques sont baffoués. Que ce soit en termes d´éducation, d´accès à l´électricité, aux soins de santé, à l´eau, les inégalités sont omniprésentes. En effet, comment peut-on expliquer le fait que sur 33 états consituant la république des états-unis du Mexique, le seul état du Chiapas produise 23% des ressources énergétiques du pays. Le Chiapas est également l´état le plus pauvre du Mexique avec un taux d´analphabétisation alarmant. Comment expliquer que dans cet état aussi riche en ressources énergétiques, un nombre impressionnant de personnes n´aient pas accès à l´électricité. Dans ces circonstances, le sous commandant Marcos a réveillé l´inconscient de la classe paysanne en faisant en sorte que des milliers de paysans prennent conscience de ces inégalités et s´unissent pour protester.

J´ai donc la chance de visiter la communauté d´Oventik, 2eme "caracol" de la lutte zapatiste. On appelle les communautés autonomes "caracol" qui signifie escargot à cause de la lenteur de leur action... Ici je suis frappé de voir que la communauté possède son propre système éducatif, son propre hôpital ainsi que son propre gouvernement. Comment cela est-il possible? Il semblerait que l´appui venant de l´extérieur soit plus fort que ce que l´on pourrait penser au premier coup d´oeil. A l´entrée de l´hopital, on peut même observer une ambulance zapatiste donnée par une ONG italienne


En plus de cela, des ateliers de partage des connaissances en médecine sont organisés régulièrement et un médecin généraliste est constamment présent à l´hôpital. Le fait que la consultation soit gratuite pour tous attire des gens des autres communautés également, zapatistes ou non.

En ce qui concerne l´éducation, j´ai eu la chance de rencontrer George, un américain de 21 ans qui m´a a fait découvrir Pedro. Ce dernier est ce qu´on appelle un promoteur. Son rôle est à peu près équivalent à celui d´un professeur ordinaire mais ici on utilise le terme de promoteur pour mettre l´emphase sur la différente vision de lé éducation. En effet, l´habituelle relation professeur/élève est dénigrée car elle suppose qu´une personne possède le savoir et l´enseigne à l´autre, l´ignorant, et ce de manière asymétrique. Ici, on cherche à faire ressortir le fait que tout le monde possède un savoir. Ainsi, le promoteur met en place des activités tématiques durant lesquelles l´enseignement de l´espagnol se fait davantage sous la forme d´ateliers de partage des connaissances. C´est le système utilisé dans le centre d´étude des langues dans la communauté. Centre destiné plutôt aux étudiants étrangers souhaitant apprendre l´espagnol ou le tzotzil.

Pour ce qui est du coût de l´enseignement, on calcule le prix à payer en fonction du salaire minimum du pays d´origine du visiteur. Celui qui a un plus grand pouvoir d´achat paye plus cher, cela parait plus juste qu´une arbitraire fixation des prix. Mais ici, plutôt que de parler de paiement, on préfère employer le terme de contribution car à juste titre, l´apprentissage d´une langue n´est pas une marchandise et les promoteurs ne reçoivent aucun salaire. La dite contribution est reçue par la junta del buen gobierno qui assure la répeartition de l´argent pour que personne dans la communauté ne puisse manquer des services de base.

Pour ce qui est de l´école primaire et secondaire autonome, son accès est gratuit pour tous et les professeurs donnent les cours de manière volontaire: chacun contribue à sa façon au développement de la communauté. Le programme de cours est différent du programme national et est centré davantage sur les rálités locales et la lutte zapatiste. A la fin de ses études, on ne reçoit donc aucun diplôme mais on se spécialise dans l´une des carrières possibles pour pouvoir ensuite être utile à la communauté.

Un système basé sur l´entraide qui malgré son apparence précaire fonctionne à merveille. En effet, l´école accueille 120 étudiants venant de plusieurs communautés voisines préférant étudier dans l´école autonome plutôt que dans celle récemment construite par le gouvernement national.


On ne paye pas pour l´hébergement, ce qui justifie le peu de confort (un lit fait de planches de bois, un léger sac de couchage, une boite de thon et des tomates).


Le cadre enchanteur de la communauté d´Oventik

Une des salles de classe colorée de l´école secondaire.




La lutte zapatiste


Les slogans de la lutte

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